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Nicolas Caraty : médiateur culturel plein de bon sens !

Le lundi 21 février, nous avons eu la chance de rencontrer Nicolas Caraty, un médiateur culturel non-voyant du musée d'Aquitaine. Cette entrevue a vu le jour suite à des questionnements sur l’art et les sculptures, ainsi que leur accessibilité. Nous en avons appris plus sur son parcours professionnel, et comment il s’est retrouvé au musée d’Aquitaine. Et nous avons également échangé longuement au sujet de l’accès à la culture pour tout le monde, ce qui nous a mené à discuter de son projet sensationnel : le parcours sensoriel !

Nicolas Caraty, lui, son parcours sensoriel

Toucher des œuvres du musée d’Aquitaine, c’est possible ! Et ce en grande partie grâce à lui ! Nicolas Caraty a débuté sa carrière professionnelle en tant qu’accordeur de piano sur Paris. Assez vite, il s’est vite questionné sur l’accès à la culture pour les personnes en situation de handicap. Il va par la suite travailler 3 ans chez « Toucher pour connaître », association concevant des expositions adaptées et retranscrit les journaux écrits en cassettes audio. À la suite de cette expérience, il change totalement de secteur et s’oriente vers la vente par correspondance et le suivi client chez Les 3 Suisses. Il occupe ce poste pendant près de 8 ans avant de le quitter et se diriger vers le musée d’Aquitaine de Bordeaux. Recruté en 2007 en tant que stagiaire chargé de la médiation culturelle, il est un an plus tard titularisé par la mairie de Bordeaux et occupe encore ce poste aujourd’hui. Nicolas est un amoureux de l’art, sa déclinaison préférée est celle de la musique. Amateur de piano et de guitare depuis son jeune âge, il se tourne de plus en plus vers le synthétiseur. Et c’est sans compter son attrait pour le cinéma, la peinture, le théâtre, l’écriture, et bien évidemment la sculpture.

L’art et l’handicap

« L’art permet d’exprimer les choses, mais parfois la difficulté c’est d’y avoir accès. ». Cette phrase entendue durant l’interview nous a particulièrement marqués. Il est vrai que nous avons tous les jours l’occasion de prêter attention à la culture, néanmoins certaines personnes en situation de handicap (notamment visuel ou auditif) peuvent parfois trouver difficile l’accès à cette dernière. Bien sûr, comme nous l’explique Nicolas, le handicap ne signifie pas forcément que la culture devient totalement inaccessible. Lui-même est un musicien avéré comme évoqué plus tôt. Il nous a d’ailleurs expliqué un fait intéressant sur la découverte des sculptures : « Quand vous êtes non-voyant, vous faites une exploration partielle de l'œuvre avec vos mains qui sont capables d’explorer ces détails. Au fur et à mesure vous êtes aptes à reconstituer l'œuvre dans l’espace, en allant donc du détail vers la globalité ». Ce qui, lorsqu’on y réfléchit bien, est une découverte totalement opposée à celle d’une personne voyante qui, elle, voit la sculpture d’abord dans sa globalité, puis vient ensuite chercher les détails en la touchant. Donc tout est en réalité une question de perspectives et de méthodes.

Le parcours sensoriel

C’est là qu’entre en jeu le fameux parcours sensoriel ! Il s’agit d’un chemin pédagogique installé dans le musée d'Aquitaine. Comme son nom l'indique, il permet de faire découvrir diverses œuvres en faisant appel au plus de sens possible pour les rendre accessibles. Plusieurs initiatives sont prises en compte pour se faire, telles que la production d’audio-descriptions associées à plusieurs tableaux (contant le contexte, l’histoire de ces derniers, illustrés par des effets sonores). Et il faut évoquer les nombreuses sculptures reproduites à l’identique avec des matières très similaires à celles d'origine. Il est question de reproduction de masques africains en bois, de sculptures en pierre… Nicolas nous a montré une reproduction d’une statue de bronze représentant le Roi Louis XV, réalisée grâce à une modélisation 3D. Il a également pris le temps de nous faire toucher d’autres ouvrages, notamment une reproduction de la Vénus à la corne, ainsi que des pierres taillées de la préhistoire. Ce parcours sensoriel permet donc à la fois de conserver en bon état les vestiges du passé, tout en proposant une offre permanente de visite culturelle aux personnes en situation de handicap.

Le patrimoine culturel de Bordeaux devient plus accessible puisque de nombreux efforts sont faits pour soutenir cette cause. Mais selon Nicolas, il faut continuer sur ce chemin. À présent, l’objectif majeur est de diffuser l’information. À notre échelle, nous pouvons partager nos connaissances culturelles avec autrui. Il faut aussi réfléchir à un moyen d’adapter ces services pour les rendre accessibles au maximum. D’après Nicolas : « Si on fait vivre cette découverte non pas par des connaissances encyclopédiques mais plutôt par la notion de plaisir, les gens seront plus à l’aise. Il ne faut pas les mettre en situation d’échec, mais plutôt les guider, les amener à découvrir les œuvres par eux-mêmes, et alors là il sera plus aisé de les mener vers des connaissances plus théoriques ».

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